Meilleurs films en DVD - 2007
COMPTE RENDU DVD DE L’ANNEE 2007
Suite au retard pris aux fêtes de Noël, le compte-rendu promis des meilleurs films découverts grâce aux DVD, mais pas toujours fourni d’un apport documentaire intéressant, s’avère cette année riche grâce à l’ampleur du marché et surtout l’équipement audiovisuel de la médiathèque du coin. Si certains films ne sont pas toujours des perles rares, ils permettent de découvrir des réalisateurs souvent révoltés et audacieux.
Les films sont classés en fonction de leur date de visionnement.
L'Homme au bras d'or (1955)
Otto Preminger
Découvert par un hasard surprenant, les décors seulement ayant vieilli, le film d’Otto Preminger est marqué par son sujet noir et brillamment traité, à savoir la drogue. Le bras d’or s’applique au don de « dealer », ici pour distribuer les cartes, du personnage central, ancien bagnard prêt à recommencer une nouvelle vie, mais qui « replonge » dans la drogue, injectée dans son bras. La description de la dépendance de la substance, ce qui provoque la chute du héros, est habilement présentée, sans verser dans le mélodrame ou la légèreté. Le film d’Otto Preminger est particulièrement cruel car c’est la difficulté de se réintégrer dans la société qui pousse l’homme plein de bonne volonté à se droguer. Un film très fort pour l’époque et aujourd’hui.
Orphée (1949)
Jean Cocteau
Découvert grâce à mon ancien professeur de latin, Orphée redéfinit entièrement le mythe et s’en inspire pour métaphoriser et critiquer la société de l’époque. Le film est marqué par la poésie et l’art, qu’il codifie. Si son interprétation s’avère multiple et complexe, Jean Cocteau manie avec autant de grâce et d’aisance que dans La Belle et la bête l’originalité des décors et la sublimation des visages. Les effets spéciaux impressionnent pour l’époque et l’interprétation des acteurs expérimentés (Jean Marais, Maria Casarès, François Périer) riche.
Broken Flowers (2005)
Jim Jarmusch
Dernier film en date du génial Jim Jarmusch, certes plus sage que Dead Man, mais autant original et beau. Toujours marqué par l’ironie douce et délurée envers les personnages, marqué par une photographie opaque, claire et décrépie, Jarmusch explore les sillons et les rides du toujours aussi excellent Bill Murray. Le film est malheureusement moins impressionnant en DVD que sur grand écran (surtout la magie de la dernière scène) et le making-off présenté dans l’édition collector est hachuré, monté avec complexité et comportant trop de répétitions.
Ici : une note sur Jim Jarmusch
Edward aux mains d'argent (1991)
Tim Burton
Film culte de Burton, le méritant bien, et que l’on s’arrache dans les réeditions (surtout en période hivernale), le conte de Noël caractérise l’esprit enfantin et déjanté du réalisateur et le talent de caméléon de Johnny Depp. L’édition DVD présente un making-off non inintéressant et de nombreuses interviews. Mis à part l’évidente qualité cinématographique du film, il présente l’intérêt d’être simpliste et recherché.
Ocean's Eleven (2002)
Steven Soderbergh
Le film de Soderbergh, rare réalisateur américain talentueux dans la machine hollywoodienne, relève uniquement du pur divertissement et est inspiré, il est bon de le préciser de temps en temps, d’un film de Lewis Milestrone datant de 1961. Cependant, malgré sa qualification de block-buster, le film de Soderbergh est extrêmement plaisant, sans pour autant être simpliste. L’astuce du braquage est brillamment développée et chaque personnage présente son charme et son importance. Malheureusement, certains sont étouffés par la présence charismatique des stars (Georges Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, agaçants d’omniprésence mais efficaces). Cependant, le film est marqué par son ambiance chaleureuse et la complicité des acteurs.
Le DVD comporte un making-off amusant mais également des commentaires audio, certes efficaces pour se perfectionner à l’anglais, mais sans sous-titres !
COFFRET DVD DE YAZUJIRO OZU volume 2
Gagné grâce au magazine Positif (que je remercie) et remarquable dans sa documentation et sa composition, Ozu, quasi-inconnu jusqu’à présent dans le cinéma asiatique, est un cinéaste très étonnant. Curieuse mais sceptique quant à la restauration de la plupart de ses films en coffret, la surprise de son talent cinématographique ne fut pas décevante. Ozu est un cinéaste qui vise à décrire une ambiance plutôt qu’une intrigue, à dépeindre une société ou une génération plutôt que des événements graves ou importants. Tel un peintre, ses personnages se déplacent dans les maisons japonaises, à travers la fragilité des pans de murs et discutent sagement autour d’un bol de riz au thé vert. D’Ozu, il ne faut pas attendre une quelconque intrigue, il faut se laisser bercer par les chroniques familiales ou enfantines de la pudeur japonaise prise sur le vif.
Sciuscia (1946)
Vittorio de Sica
Beaucoup plus fort socialement que Le Voleur de bicyclette mais pourtant moins connu, Sciuscia se penche uniquement sur l’enfance meurtrie, au même titre que Truffaut avec Les 400 coups. Le film de De Sica dénonce sans dramatiser le traitement subi dans les prisons de redressement à travers l’amitié de deux enfants. Derrière les jalousies enfantines est dépeinte la société sévère et catégorielle. De Sica, en préférant développer certains personnages adultes et enfants, évite la caricature et leur condamnation. Si la fin se tire vers la tragédie, tout l’épopée dans le lieu de redressement est saisissante de vérité.
L’Incompris (1967)
Luigi Comencini
Empreinte de pudeur et de froideur, l’œuvre de l’italien Luigi Comencini est impressionnante dans sa description de l’enfance incomprise et déchirée. Se situant dans la bourgeoisie riche et convenable, mais glacée, l’intrigue dépeint la condamnation d’ « insensible » sur la personne d’un fils aîné admiratif de son père et marqué par la mort de sa mère. Comencini traite son sujet avec une cruauté pudique, sans pour autant dénoncer les personnages alentour, marqué par leur psychologie développée et traitée sous toutes les situations.
Fight Club (1999)
David Fincher
Fight Club = Ultra-culte, ultra-déjanté. Le film vaut le coup d’œil pour sa folie permanente et son sens de l’absurde. Il est l’exemple type du film où le spectateur doit suivre la folie d’Edward Norton pour accrocher à l’intrigue. Tels les explosifs fabriqués avec du savon de Brad Pitt, le film explose dès le début et réussit à garder un rythme constant de pur déjanterie visuelle et narrative. A voir l’esprit reposé et sans migraine pour réussir à suivre le rythme des sous-titres.
Le Pianiste (2002)
Roman Polanski
Raté à sa sortie (et surtout trop jeune à l’époque), terrorisée au bout d’un quart d’heure lors de sa première diffusion, ce n’est seulement qu’après la lecture du livre autobiographique bouleversant de Wladyslaw Szpilman que je me décidais à voir le film palmé de Polanski. Il réussit à reconstituer respectueusement le parcours de Szpilman et se qualifie, dans la même lignée que le livre, par une extrême pudeur. L’interprétation d’Adrien Brody est impressionnante, et sa grande silhouette soignée transformée en homme désespéré. La reconstitution de Varsovie est effrayante et dépasse le stade de la simple retranscription historique. A voir et surtout à découvrir le livre.
Memories of Murders (2004)
Bong Joon-ho
Chef d’œuvre coréen, ces mémoires du tueur sont à découvrir absolument. Filmé avec brio, interprété efficacement, teinté d’ironie et de l’ambiance de ces lieux ruraux frappés par le génie du crime, Memories of murders mérite l’attention, tant par l’horreur décrite et l’efficacité de son impact.
Monsieur Klein (1976)
Joseph Losey
Chef d’œuvre français couronné aux Césars à l’époque, Mr Klein traite de l’arrestation des Juifs à Paris à l’aube de la seconde Guerre Mondiale mais s’avère être également une profonde réflexion sur l’identité, la construction de soi-même. Robert Klein, vendeur de tableaux s’enrichissant grâce aux marchandises vendues par les Juifs en fuite, est confondu avec son homonyme juif. A travers sa quête insensée est dépeinte le Paris méfiant et dirigé par un gouvernement invisible, préparant d’inquiétantes transactions. L’interprétation d’Alain Delon confirme son talent, malheureusement mise à profit aujourd’hui d’une grosse production aux affiches repoussantes…
Little Odessa (1994) & The Yards (2000)
2 films de James Gray

The Yards, même si il vise à dénoncer cette fois-ci la corruption, est beaucoup plus abouti, comme le témoigne la magnifique scène dans l’hôpital. Les personnages, notamment ceux joués par les futurs Bobby et Joe de La Nuit nous appartient, Joaquin Phoenix et Mark Wahlberg, s’avèrent plus définis, moins ambigus et plus attachants. Certes la fin reste trop prévisible et moins belle que dans le dernier long-métrage de James Gray, permettant enfin au réalisateur d’être reconnu.
Ici : critique de La nuit nous appartient

Mon Oncle (1958)
Jacques Tati
M’attendant à un résultat vieilli, je fus enchantée par le film de Tati, surtout par le côté critique et caricatural d’une société bourgeoise. Le génie de Tati réside dans la qualité de la gestuelle du quotidien et le ridicule des maniaqueries automatiques, auxquelles font écho la folie immobilière de la maison de la sœur de Monsieur Hulot. Ce dernier s’oppose fortement, par sa simplicité et sa distorsion physique, à l’ordre du couple, où s’ennuie l’enfant sans règles ni souci d’apparence. Tati détraque l’univers conventionnel pour appeler à la simplicité humaine.
Nous sommes tous des assassins (1952)
André Cayatte
Film percutant socialement et politiquement, où transparaît le passé d’avocat du réalisateur, le titre long éponyme cette dénonciation efficace de la peine de mort. Si la première partie s’avère peu intéressante et le film marqué par les mœurs et les figures des grands acteurs de l’époque, son message reste étonnant. Le sujet, extrêmement documenté, n’enfonce pas des portes ouvertes : le film est l’un des rares décrivant avec autant de force et d’horreur le quotidien des condamnés à mort. A savoir qu’André Cayatte et son scénariste, Charles Spaak, s’était décidé à tourner ce film suite à l’interrogation de dix personnes sur le sujet, et où seulement deux s’étaient déclarées hostiles à la peine de mort. Est-ce toujours le cas ?